Éclairage public et ressentis des habitants : une enquête phare en Morbihan

« Que ressentez-vous la nuit quand vous vous déplacez ? ». « L’éclairage public est-il adapté à vos besoins ? ». « La biodiversité vous préoccupe-t-elle ? ». Voici quelques-unes des questions posées aux habitants de communes morbihannaises, dans le cadre d’une mission d’évaluation des usages nocturnes et représentations sociales en lien avec la lumière artificielle. Mené par Morbihan Énergies et la chaire universitaire bretonne Noz Breizh, ce travail a pour enjeu d’aider les collectivités du département à maîtriser, sur la base d’une enquête scientifique, l’impact de leur éclairage public, en tenant compte des exigences de sécurité, sobriété et d’écologie. Premiers enseignements.

L’éclairage public est le premier poste de consommation et de dépense électrique des communes. Mais cet usage de la lumière artificielle va au-delà de la seule question budgétaire. La nécessaire maîtrise des consommations d’énergie et la prise en compte des enjeux de biodiversité sont également source de questionnement sur l’utilité du maintien de l’éclairage en certains lieux et sur certaines périodes.

Selon plusieurs études scientifiques, la lumière perturbe les animaux pendant leurs phases de repos. Elle attire les insectes et fait fuir les mammifères. D’où la préconisation des trames noires, ces corridors écologiques exempts de tout artifice lumineux, pour favoriser la circulation des espèces nocturnes.

Un élément d’ordre sociologique entre, aussi, en ligne de compte. Tous les habitants n’ayant pas la même approche de la vie la nuit, il est important de s’interroger sur le rôle et le fonctionnement d’un service public qui engendre selon les individus, leurs ressentis et leurs rythmes de vie, des différences de perception.

© Photographie Port de Locmariaquer, vue du Gilvin - Parc naturel régional du Golfe du Morbihan

En partenariat avec la chaire Noz Breizh


Ces impératifs d’économie énergétique, financière, de protection du vivant et de participation citoyenne mettent les collectivités devant des responsabilités nouvelles.

Pour prendre en compte ces évolutions, Morbihan Énergies s’est associé à la chaire Noz Breizh, un consortium scientifique de l’Université de Bretagne Occidentale et de l’Université de Bretagne Sud dont une des actions est de mettre en place une méthodologie de compréhension des pratiques, usages et représentations sociales de la nuit.

L’objectif de ce projet, intitulé Noz Bihan, est de transposer à l’échelle du Morbihan un modèle permettant d’intégrer dans des projets de rénovation, d’adaptation ou de modernisation d’éclairage public un équilibre entre sobriété, sécurité et limitation de la pollution lumineuse, enjeu partagé avec le Parc Naturel Régional du Golfe du Morbihan.

Une étude dans des communes morbihannaises

Quatre communes représentatives de différents contextes du département ont été retenues comme cas d’étude : Carnac, Crac’h, Guidel, Inzinzac-Lochrist. L’ouvrage consiste à analyser et comprendre l’ensemble des différentes approches sociétales, à les croiser avec les enjeux sécuritaires liés au flux et aux activités et avec les enjeux de biodiversité et de continuités écologiques.

Le travail a commencé par les communes de Guidel et d’Inzinzac-Lochrist, sous la forme de balades nocturnes sur le terrain, de tables rondes, de rencontres avec les élus. Il se poursuivra jusqu’à la fin mars 2025 à Carnac et Crac’h où les habitants seront également sollicités pour faire part de leurs ressentis.

[ Des podcasts retranscrivant ces contenus ont été réalisés par la chaire Noz Breizh https://nouveau.univ-brest.fr/chaire-noz-breizh/fr/page/publications ]

La modulation de l’éclairage priorisée

Les premiers enseignements montrent que les participants de l’étude ont plutôt une représentation positive de la nuit, laquelle est associée à un moment d’apaisement. Ils n’évoquent pas dans leur ensemble de sentiment d’insécurité, contrairement à un constat fait par la chaire Noz Breizh dans les grandes agglomérations.

Les habitants se montrent favorables à une modulation de l’éclairage public, selon les secteurs, voire à son extinction, tout en estimant un apport de lumière nécessaire en certains lieux pour des besoins de sécurité et de la pratique d’activités.

Cependant, ils indiquent ne pas comprendre toujours les stratégies locales d’éclairage et se montrent sensibles au gaspillage d’énergie ainsi qu’à la pollution lumineuse dont ils ont une bonne connaissance des effets négatifs sur la visibilité du ciel étoilé et sur la préservation de la biodiversité.

Un souhait de consultation des habitants

Les solutions qu’ils évoquent sont de réduire les plages d’éclairage et d'aménager l’espace public de différents systèmes en fonction des besoins et des usages identifiés en amont (éclairage au sol, interrupteurs pour les rues, dispositifs de détection, etc…).

Dans tous les cas, dès lors qu’un projet de modification de l’éclairage public est initié sur un territoire, il est intéressant que la population soit consultée et informée des choix qui résultent de la prise en compte des différents paramètres liés à la sécurité, aux enjeux environnementaux, économiques et aux contraintes techniques du réseau existant.