Les bâtiments murmurent à l’oreille du réseau électrique

La gestion énergétique va s’imposer dans les bâtiments tertiaires (bureaux, salles de sport, de spectacles, commerces…). L’enjeu qui se profile est celui de la flexibilité : pouvoir adapter de manière automatisée la consommation électrique aux moments les plus favorables de production. Des dispositifs d’effacement en cas de tensions sur le réseau ou d’incitation sont déjà en place, comme Ecowatt ou le tarif heures pleines/heures creuses.

Mais il s’agit d’aller plus loin, grâce à des solutions peu coûteuses de pilotage et d’optimisation des usages électriques, pour à la fois décaler ou moduler au quotidien les consommations électriques en tirant parti de la production intermittente des énergies renouvelables.

Le potentiel de flexibilité est estimé par RTE à 10 % de la consommation de l’immobilier tertiaire, laquelle représente 28 % de la consommation française. Pour les collectivités, qui gèrent de nombreux équipements, cette nouvelle manière de piloter la consommation des bâtiments va devenir une source d’économies à prendre en compte, d’autant plus qu’elle sera rendue obligatoire dans les grands bâtiments tertiaires pour 2027.

L’exemple du siège social de Morbihan Énergies

Morbihan Énergies travaille sur ce thème de la flexibilité énergétique depuis la mise en service de son siège social, « Kergrid », en 2013, partagé avec Eau du Morbihan, dans le quartier de Luscanen, à Vannes. L’édifice, à vocation de démonstrateur, a été conçu pour gérer les flux d’énergies en harmonie avec le réseau électrique.

Morbihan Énergies est, aussi, membre fondateur de l’association Smile, créée dans le dessein de promouvoir sur les deux régions Bretagne et Pays de la Loire des projets de territoire en lien avec les smart grids. Autrement dit, ces systèmes intelligents capables d’intégrer de la flexibilité dans les réseaux de distribution électrique.

La flexmobilité expérimentée à Belle-Île-en-Mer

Parmi ces projets, celui de Flexmob’Île a permis à Morbihan Énergies et Renault de tester en milieu insulaire, à Belle-Île-en-Mer, un système piloté d’énergie photovoltaïque avec batteries de seconde vie et véhicules électriques à recharge bidirectionnelle V2G.

Mais le défi posé par la flexibilité est de créer un gisement de performances énergétiques en passant à l’échelle de la standardisation. D’où la nécessité de créer des outils de pilotage, capables d’optimiser la consommation énergétique de bâtiments tertiaires connectés avec le système électrique environnant.

Un bâtiment connecté à Pluneret

Tel est en ce moment le cheval de bataille de Think Smart Grids, dont fait partie Morbihan Énergies. Cette association a lancé, en octobre dernier, la marque Flex Ready. Sa mission : mettre en place un cadre de références techniques et opérationnelles pour optimiser dans les bâtiments l’usage d’électricité au moment où elle est la plus abondante et donc la moins chère.

Morbihan Énergies avait initié la démarche de bâtiment connecté sur un premier bâtiment, à Pluneret (capteur, actionneur, tableau de bord, supervision). Ce retour d’expérience a permis d’étendre le projet à l’échelle départementale à raison d’un bâtiment par commune.

Stockage d’électricité dans des salles et piscines du Morbihan

Morbihan Énergies travaille en complément sur une expérimentation de stockage sur batteries. Huit unités seront déployées dans le département sur des bâtiments publics (piscines, salles de sports et spectacles, station d’épuration des eaux usées, bâtiment tertiaire). Elles permettront de décaler l’appel de puissance sur le réseau, en stockant la nuit ou durant les heures solaires l’électricité qui sera consommée sur d’autres moments en journée.

Les premières briques d’un programme d’ampleur qui permettra d’insérer le Morbihan dans cette stratégie nationale de bâtiments qui parleront avec le réseau électrique.